Découvrez aujourd’hui l’article d’Ann-Christin Nöchel parut le jeudi 25 novembre 2021 dans le journal « La Gruyère ». Bonne lecture!
Les patients de l’hôpital fribourgeois de Riaz, particulièrement ceux du service de gériatrie, ont un nouveau compagnon: Dubaï. Ce labrador de trois ans assiste la physiothérapeute Valérie Currat. Le duo est l’un des premiers du pays en milieu hospitalier.
La matinée de Dubaï commence par une balade au Giboux avec sa copine Lexia, suivie d’un bol de croquettes et de quelques câlins. Une vie de chien tout à fait banale à première vue. Mais sa propriétaire, la physiothérapeute Valérie Currat, lui met ensuite sa chabraque verte. Dubaï est alors prêt pour sa journée de travail. C’est à l’Hôpital de Fribourgeois (HFR) de Riaz que le labrador de trois ans assure son 50%. « Bon, il ne reçoit pas encore de salaire », rigole la riazoise. Tous deux passent le portique d’entrée de l’hôpital et vont chercher leur première patiente: Eliane Piller.
A cause de problèmes d’équilibre et de chutes, elle a intégré le service de gériatrie de Riaz il y a trois semaines. Munie de son rollator, elle se réjouit de sa séance d’une trentaine de minutes avec la thérapeute et son compagnon à quatre pattes. « Depuis qu’il y a Dubaï pour m’aider, j’ai beaucoup moins peur, il me rassure. » Les progrès sont notables et elle pourra repartir chez elle cette semaine. « Il va me manquer… »
Une formation intense
Les exercices s’enchaînent: le labrador, encore en apprentissage à l’hôpital, doit chercher un jouet sous un cône, effectuer un slalom en écoutant les ordres de la patiente ou passer sous une des ses jambes tandis qu’elle se tient à une barre. Attentif, le chien monopolise toute l’attention d’Eliane Piller. Elle réussit tous ses exercices haut à la main, sourire en prime.
Voilà cinq mois que Valérie Currat a intégré Dubaï au sein de l’HFR de Riaz. « Introduire un chien en milieu hospitalier, ce n’est pas évident », estime-t-elle. Les normes sanitaires sont hyper strictes, un comportement irréprochable est attendu de la part du chien et puis il y a tous les aspects pratiques. « Il a fallu convaincre ma hiérarchie que le projet était sensé et m’assurer que tous mes collègues aimaient les chiens. » Dubaï, lui, vient de la fondation Le Copain. Basée en Valais, elle éduque des chiens d’assistance. Une formation intense de deux ans: « Choisi à deux mois, le chiot passe dix-huit mois dans une famille d’accueil avant de retourner quelque temps au centre de formation afin d’y apprendre les ordres de base. »
Bénéfices au pluriel
Valérie Currat a ensuite adapté ces ordres en fonction des patients dont elle s’occupe. « Ce sont des personnes âgées, principalement au sein du service de gériatrie, avec des problèmes de motricité ou d’équilibre. » Le labrador enchaîne quatre à six patients par jour. La condition sine qua non pour l’avoir comme assistant: « Aimer les chiens! J’ai déjà un tas d’anecdotes de patients qui se souviennent de leurs animaux grâce à Dubaï. »
Les bénéfices de la thérapie assistée par un chien s’échelonnent sur plusieurs niveaux: physique, sensoriel, cognitif et émotionnel. Valérie Currat le confirme: « Mes patients sont plus enjoués: Dubaï apporte un côté ludique aux thérapies. Il améliore la communication, la mémoire, la mobilité, mais aussi le côté social. »
Lorsqu’il fait beau, les séances peuvent se faire en extérieur. Le labrador a d’ailleurs une place à lui sous les fenêtres des résidents. « Cela les motive à sortir prendre l’air. Ils demandent s’ils peuvent aller se promener avec lui! »
Elargir l’offre
L’élément déclencheur d’une telle aventure a été Emilie Lovai Bürgisser (La Gruyère du 27 octobre 2018). « Je me suis intéressée à cette physiothérapeute Touraine qui travaille en cabinet avec son chien, Vicky, depuis 2018. » Valérie Currat a ensuite pris contact avec la fondation Le Copain. » Un tel chien coûte entre 35000 et 40000 francs. » Il a été offert par la fondation, financé par des dons. « L’Hôpital paie les croquettes et le vétérinaire, ce qui fait environ 1000 francs par an. »
Des chiens dans le milieu hospitalier, il y en a pas beaucoup. Deux au Service de neuro-rééducation des HUG et deux oeuvrant dans le Service d’ergothérapie de l’Hôpital du Valais. « Nous espérons élargir notre offre », avance Valérie Currat. Elle parle avec envie du futur centre de santé et envisage l’aide de Dubaï pour des patients en ambulatoire, « il aime aussi beaucoup les enfants, on verra comment va se développer la partie pédiatrie. »
Le médecin-chef du Service de gériatrie, André Laszlo, semble convaincu. « Dubai est un médiateur hors pair et les premiers résultats sont vraiment intéressants. » Doudou comme le surnomment certains patients, a encore du pain sur la planche.
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