SENIORS La présence d’un animal peut être précieuse pour les personnes âgées parce qu’elle aide à conserver une bonne santé psychologique et physique. Mais la décision ne doit pas être prise à la légère. Conseils de spécialistes.

Avec 1,7 million de chats et quelque 500 000 chiens dans le pays, sans compter les oiseaux, poissons ou hamsters, on peut affirmer sans crainte que les Suisses adorent les animaux de compagnie. Et ils nous le rendent bien. Différentes études ont en effet mis en évidence les bienfaits qu’ils procurent à leurs propriétaires. «Les effets positifs peuvent être d’une valeur incommensurable pour les seniors, souligne ainsi Fabienne Häberli, responsable du service de conseils aux aînés Grizzly, de la Protection suisse des animaux (PSA). Ils apportent du réconfort, favorisent les contacts et, surtout les chiens, l’exercice quotidien en plein air. Ils permettent aussi de se sentir utile, même à un âge avancé.»

Une présence face à la solitude

Pour les nombreux aînés souffrant de solitude, «les animaux de compagnie constituent une présence, quelqu’un à qui parler, à qui donner de l’affection et en recevoir aussi», explique Rachel Lehotkay, docteure en psychologie, et présidente de l’association suisse de zoothérapie. Un chien constitue également «un catalyseur social», poursuit la spécialiste. Lors des promenades quotidiennes, sa présence facilite les contacts et les échanges avec des tiers. 
De surcroît, une balade quotidienne constitue un excellent moyen d’entretenir sa musculature et ses articulations. Avec les années, le maintien de l’activité physique est déterminant pour conserver les capacités fonctionnelles nécessaires aux tâches de la vie quotidienne.

Chiens et chats permettent également de structurer ses journées et de se sentir utile. Philippe Glasson, médecin interniste et cofondateur de la fondation Aide Senior Animaux (ASA), voit même en eux «de bons antidépresseurs». En induisant une responsabilité, ils peuvent redonner un sens à la vie lorsque la motivation n’y est plus. Car prendre soin de son fidèle compagnon à poils, à plumes ou à écailles, c’est aussi prendre soin de soi.
Et leur présence est d’autant plus précieuse que «l’animal de compagnie constitue souvent, pendant la vieillesse, l’un des rares compagnons de vie à s’inscrire dans la durée», relève encore 
Tatjana Kistler, porte-parole de Pro Senectute.

Un acte mûrement réfléchi

Nos compagnons à pattes procurent donc d’indéniables bienfaits. «Certaines personnes confient que leur vie a complètement changé lorsqu’elles en ont pris un», s’enthousiasme même Rachel Lehotkay. Mais attention, la décision doit être mûrement réfléchie car ils nécessitent un investissement conséquent en temps, en travail et en argent. Pour commencer, l’entourage évitera le cadeau surprise. «Les animaux ne sont pas des objets qui peuvent être échangés s’ils ne conviennent pas», souligne l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV). «Il faut d’abord parler avec le futur propriétaire et s’assurer que cela lui ferait plaisir», note la psychologue.

Autre précaution indispensable: les locataires vérifieront que le bailleur autorise les animaux dans l’immeuble. Si c’est le cas, il faudra veiller ensuite à ce que les voisins ne soient pas incommodés, par exemple par des aboiements incessants.

Etre capable d’en prendre soin

Sur le principe, il n’existe pas d’âge limite pour adopter un animal, estime Fabienne Häberli, mais «la personne âgée doit être physiquement et mentalement capable d’en prendre soin». Cela passe par «une bonne évaluation de ses capacités résiduelles. On ne sort pas son chien que les jours de beau temps», prévient Philippe Glasson.

Parfois, l’aîné aimerait avoir la compagnie d’un animal, mais il n’ose pas franchir le pas, de peur que l’animal soit envoyé dans un refuge s’il ne peut plus s’en occuper, lors d’une hospitalisation ou en cas de départ à l’EMS. L’entourage peut jouer ici un rôle essentiel en garantissant au senior qu’un membre de la famille s’occupera de son fidèle compagnon le cas échéant. Quelques EMS autorisent la présence de certaines espèces, sous conditions. La Protection suisse des animaux met à disposition une liste des établissements pour chaque canton (sts@tierschutz.com ou 061 365 99 99).

De son côté, la fondation Aide Senior Animaux asajfk.ch accueille gratuitement, pour un temps, ou place de manière définitive, les animaux dont les propriétaires ne peuvent plus s’occuper.

Ne pas sous-estimer le coût

Parmi les autres éléments à prendre en compte, il faut aussi être conscient que le décès éventuel de l’animal et la séparation peuvent représenter une souffrance profonde pour le senior. Enfin, l’impact financier doit être soigneusement évalué. «Une grande partie des animaux qui arrivent dans les refuges, et dont les propriétaires souhaitaient se séparer, sont liés à leur coût et au manque d’anticipation des frais vétérinaires», prévient Stéphane 
Crausaz, responsable communication de la Société vaudoise de la protection des animaux (SVPA).

Ainsi, les dépenses d’entretien pour un chien de taille moyenne atteignent environ 10 fr. par jour soit 300 fr. par mois, sans compter son prix d’achat et les dépenses lors de l’acquisition (vaccin, impôt, collier, etc.). Pour un chat, il faut compter environ 5 fr. par jour, soit 150 fr. par mois. Les traitements, par exemple une patte cassée, peuvent aussi occasionner des frais vétérinaires élevés. Il peut donc être judicieux de contracter une assurance animaux domestiques afin de réduire les frais en cas d’opération.

Etes-vous faits l’un pour l’autre?

La décision a été prise? Il ne reste plus qu’à trouver un compagnon au poil! Les espèces les plus prisées des seniors sont les chats, suivis des chiens, puis des oiseaux et des poissons. «Les chats sont très appréciés notamment pour leur indépendance et parce qu’ils représentent un agréable compagnon de vie», note Tatjana Kistler. Si l’on préfère les canidés, le choix est vaste. «Avec les chiens, le lien qui se construit est très fort! On a vraiment l’impression que c’est une personne qui nous comprend et avec laquelle on peut échanger», explique Stéphane Crausaz. Mais attention, il faudra veiller au bien-être de son ami: la SPA recommande de le promener quatre fois par jour, totalisant un minimum cumulé de deux heures!

Les autres bêtes offrent moins d’interactions. Le contact social avec les reptiles, par exemple, est inexistant. Et il très faible pour les petits rongeurs comme les cobayes, ou les lapins. «Tout dépend du type de relation que l’on veut développer. Il faut bien comprendre que l’on n’aura pas le même rapport avec un chien ou un chat qu’avec des petits rongeurs. Ces derniers sont principalement des animaux à observer qui n’aiment pas être manipulés», insiste Stéphane Crausaz. Il faut nettoyer régulièrement leur cage, ils n’aiment pas être portés, et sont principalement actifs la nuit. «Le senior risque alors d’entendre la roue du hamster tourner parce qu’il fait son footing», prévient notre interlocuteur. Les perroquets et les grandes perruches sont plus sociables, mais gare au bruit en appartement qui pourrait déclencher l’ire des voisins! Stéphane Crausaz se souvient d’un perroquet à la SPA qui ne supportait pas qu’on s’éloigne de lui et qui le manifestait bruyamment à chaque fois!

En règle générale, la SPA ne recommande pas aux seniors d’adopter des animaux trop jeunes.

Demander conseil aux pros

Faire le bon choix n’est pas simple pour des néophytes. On peut demander conseil aux personnes de l’entourage qui ont eu des animaux, suggère Philippe Glasson, s’adresser à la SPA ou encore à Aide Senior Animaux, qui propose un service de conseil gratuit. En outre, il est toujours judicieux de demander l’avis d’un professionnel, par exemple d’un moniteur d’éducation canine.

Pour Rachel Lehotkay, il y a toujours une solution lorsqu’on veut adopter un animal. «L’essentiel est que la personne se sente bien avec» conclut la psychologue.

En un coup d’œil: Les bienfaits et les contraintes

En général
+ Présence bienveillante et affectueuse qui atténue la solitude
+ Favorise les contacts avec d’autres propriétaires ou le voisinage
+ Structure les journées.
+ Aide à se sentir utile et responsable
+ Permet de rester physiquement actif, particulièrement les chiens
+ Apaise le stress
 Coût d’entretien et d’acquisition parfois importants
 Risque de séparation douloureuse en cas de perte d’autonomie
 Obligations de sorties quotidiennes pour les chiens

Les chiens
+ «Meilleur ami de l’homme»: lien social très fort avec son maître 
+ Favorise une activité physique quotidienne et les contacts sociaux
+ Structure les journées
 Nécessite, dans l’idéal, trois à quatre promenades quotidiennes pour un total de deux heures au moins 
 Coûts d’entretien élevés
 Peut augmenter le risque de chute

Les chats
+ A la fois indépendants et affectueux
+ Pas de promenade quotidienne
+ Très propres
 Peut déclencher des allergies pour le senior ou les proches
 Les espèces à long poil nécessitent un entretien particulier
 La litière doit être changée régulièrement

Les petits mammifères (hamsters, cobayes, lapins, etc)
+ Risque de blessure par griffure ou morsure très faible
+ Coût d’entretien peu élevé
+ Ne peuvent pas être interdits en appartement (sauf en grand nombre)
 Sont actifs principalement la nuit
 Peu de contacts physiques et sociaux

Les oiseaux
+ Certaines espèces de perroquets sont assez sociables
+ Leur chant peut égayer la maison
+ Adapté aux personnes à mobilité limitée
 La loi impose de grandes volières qui coûtent cher et prennent de l’espace.
 Certaines espèces font beaucoup de bruit
 Nettoyage régulier des volières nécessaire

Source de cet article : Magazine « Ma Santé » n°1 janvier-février 2021 – Par Sébastien Sautebin

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