Madame a du chien

Pour Isabelle Dupraz, le bouledogue, c’est quelqu’un. A la tête de son association, la Vaudoise se dévoue pour ces molosses peu ordinaires. Attachants et très à la mode, ces animaux sont aussi en butte à des problèmes de santé ainsi qu’à la maltraitance et à l’abandon.

Un sérieux coup de pattes

«Bouledogue Attitude. ch». C’est le nom de l’association que préside Isabelle Dupraz. Un chien, le bouledogue, qui a souvent besoin d’un sérieux coup de pattes. D’abord parce qu’il s’agit d’un animal qui connaît de fréquents problèmes de santé. «Des petits bobos, comme des otites, ou des maladies plus sérieuses, comme des problèmes au niveau des voies respiratoires dus à leur face plate.»

Cette physiologie particulière est encore accentuée par une dérive: le bouledogue a la malchance d’être à la mode.

Tout le monde veut faire du bouledogue et souvent n’importe comment, des élevages pratiquent la consanguinité à tout-va, on se retrouve avec des chiens à qui il manque des vertèbres.»

«Bouledogue Attitude.ch» s’occupe de trouver des familles d’adoption pour des chiens abandonnés, maltraités, en passe d’être revendus sur internet ou dont les propriétaires ne veulent plus: «Nous rendons visite aux gens qui veulent adopter un bouledogue et, si la visite est concluante, on les met dans notre base de données. Quand un chien arrive, ce n’est pas le premier inscrit qui va l’avoir, mais la famille qui est adaptée à la particularité du chien. Le premier critère en effet, ce sont les besoins du chien, si c’est un chien qui supporte un peu d’être seul ou pas du tout, etc.»

Une journée avec Isabelle Dupraz

9 h 00 Promenade matinale 
«Les bouledogues sont des chiens très présents, attachés à l’humain et qui supportent très mal la solitude. C’est une des raisons principales d’abandon: les gens les prennent en pensant à tort qu’ils vont pouvoir partir bosser le matin, revenir le soir, et que le chien va les attendre sagement…»
10 h 00 «Boris» au bloc opératoire
«Boris est atteint d’une maladie de peau incurable. Il a un traitement et des médicaments à vie, mais c’est aujourd’hui un chien qui ne souffre plus et qui est beau. Peu de vétérinaires en Suisse romande sont vraiment équipés pour soigner les bouledogues. Nous venons ici parce que c’est une équipe de spécialistes, notamment de la chirurgie des tissus mous.»

 

11h 00 «Ben» à l’examen
«Quand on a récupéré Ben, il était rouge vif, il avait des croûtes partout. L’équipe vétérinaire a prescrit des antibiotiques, des bains quotidiens avec des savons spéciaux. Il est aujourd’hui en phase de guérison. On est là pour un dernier contrôle, s’assurer qu’il est prêt pour l’adoption.»
«A la base, les bouledogues, je ne trouvais pas ça terriblement joli. C’est mon fils qui m’a bassinée pour en prendre un. C’est un chien qui reste particulier déjà par son faciès, un chien très humain. Aujourd’hui, pour moi, le bouledogue d’ailleurs ce n’est pas un chien, c’est quelqu’un.»
13 h 00 Le repas des fauves
«Les gens qui se séparent d’un animal doivent signer une convention d’anonymat, par laquelle ils renoncent à savoir où leur chien va être placé, certains hésitent, ils aimeraient prendre des nouvelles. Il n’est pas facile de leur expliquer que cet anonymat, c’est pour le bien du chien.»
15 h 00 Balade digestive
«L’association n’est pas là pour faire de la pub pour les bouledogues, mais pour expliquer la race, faire prendre conscience aux gens qui veulent en adopter un que ce n’est pas un chien comme les autres, mais un animal relativement fragile.»
20 h 00 Couvre-feu
«Ce sont des chiens très famille, pas très endurants. Il y en a des plus vifs que d’autres, mais en général le bouledogue est un chien «canapé» qui aime le confort et beaucoup dormir. Un chien qui a froid l’hiver et chaud l’été parce qu’il n’a pas de sous-poils.»

 

Source de l’article : © Migros Magazine – Texte : Laurent Nicolet

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